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Le go, un jeu chinois de 4000 ans qui séduit l'Alsace

 

Les échiquiers étaient remplacés par des go-bans hier dans les locaux du Cercle d'échecs de Strasbourg où se déroulait la première étape des championnats de France de go. Ils étaient trente-deux, dix-sept adultes et quinze collégiens, à s'affronter amicalement autour d'un support en bois (appelé go-ban) et à placer des pierres blanches ou noires de telle manière à délimiter le plus grand territoire possible.

Trente-deux participants pour les premières éliminatoires comptant pour un championnat national cela peut paraître peu. " Nous pensions recevoir une petite vingtaine de concurrents, explique Albert Fenech, vice-président du club de go de Strasbourg, société organisatrice de la rencontre, car nous n'existons dans la métropole alsacienne que depuis deux ans."

Le jeu de go est né au Tibet il y a quatre mille ans. Très vite, il s'est développé en Chine avant de s'implanter au Japon, où certains joueurs sont passés professionnels. " Vers 1100, raconte un membre du club de Strasbourg, les empereurs japonais subventionnaient les joueurs de go et les encourageaient à progresser. " La pratique du jeu de go n'a cessé de s'étendre tant en Chine qu'au Japon au fil des siècles. Le jeu a disparu le temps de la révolution culturelle en Chine; il est à nouveau pratiqué depuis une dizaine d'années et le pays compte à présent à nouveau des joueurs réputés.

En France, le go est apparu en 1969 à Paris; quand un étudiant coréen, Lim Yoo Jong, a donné des cours de go à des étudiants contre des cours de français. Le go a très rapidement séduit les étudiants qui n’ont pas tardé à créer des clubs. Le même phénomène s'est déroulé à Marseille, Grenoble, Nantes, villes universitaires accueillant des étudiants asiatiques.

A Strasbourg, on connaissait le go par les articles publiés dans des revues spécialisées jusqu'au début des années 80. C'est à cette époque que le club de go de Strasbourg a été créé; il est présidé par Didier Roth et compte actuellement une soixantaine de membres dont un joueur ler dan: Masumi Yoshida.

Le jeu de go peut paraître très simple; il consiste à poser alternativement des pierres blanches ou noires sur l'une des trois cent soixante et une intersections de lignes dessinées sur un go-ban. Le concurrent qui a réussi à délimiter le plus large territoire sur le support a gagné. " Le jeu, explique un assistant de faculté, passionné de go, demande que le joueur ait une vue globale d'une situation. Qu'il ait le sens de la relativité des choses.

On peut, par exemple perdre un territoire local sur un go-ban pour mieux développer une stratégie globale. Dans une vie courante on retrouve ce genre de situation dans le commerce: c'est ainsi que les supermarchés vendent à perte certains produits pour attirer les clients et les inciter à faire toutes leurs courses chez eux. Le go c'est une balance entre le profit et l'influence. C'est aussi apprendre à assimiler la notion de perte locale par rapport à la globalité. "

Jeu nouveau en France, le go attire essentiellement les adultes de moins de 35 ans et les jeunes. Ces derniers sont nombreux à Strasbourg où des établissements scolaires (le collège Fustel de Coulanges et le collège St-Etienne notamment) ont monté des clubs qui accueillent régulièrement les élèves entre midi et 14 heures. Les collégiens étaient d'ailleurs bien représentés hier aux éliminatoires. A noter également que pour la première fois à Strasbourg, un micro-ordinateur a procédé au tirage au sort des participants et au calcul des résultats.

J - P. D.

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