Le Go, un jeu vieux de 4 000 ans, commence prendre pied en Alsace
Un jeu mystérieux venu d'Extrême-Orient prend son essor en Occident. Un jeu stratégique incomparable : le Go. Lié historiquement au Japon, le jeu de Go est né en Chine ; il serait descendu des hauts plateaux tibétains vers les plaines il y a plus de 4 000 ans. Actuellement, on compte au Japon près de dix millions de joueurs dont 400 professionnels. Les meilleurs d'entre eux tels Fujisawa Shuko ou Kato sont aussi célèbres là-bas que peuvent l'être chez nous Borg ou Platini : les rencontres sont d'ailleurs fréquemment télévisées.
Simple et beau
Aux États-Unis et en Europe, le nombre des joueurs tombe à environ 40 000. Mais le Go n'est-il pas destiné à devenir le roi des jeux dans le monde occidental comme il l'est déjà en Asie? Il en possède les qualités essentielles : une règle simple, la profondeur intellectuelle et l'élégance artistique.
Le go se dispute sur un "terrain", appelé go-ban, constitué de 19 lignes horizontales et de 19 lignes verticales. Deux joueurs (noir et blanc) posent alternativement une pierre sur l'une des 361 intersections encore vacantes (et non sur une case). Au début, le go-ban est vide; au cours du jeu, les pierres posées ne sont pas déplacées.
Le but du jeu est de contrôler un plus grand nombre d'intersections que son adversaire; les lignes entre les intersections contrôlées formant des territoires. Le moyen du jeu est la règle de prise: une pierre ou un groupe de pierres complètement entourés par l'adversaire sont "prisonniers" et retirés du jeu.
C'est la règle de prise qui donne son caractère combatif au jeu. Ajoutons qu'un système de handicaps permet à deux partenaires de force inégale de disputer une partie intéressante.
Ordinateurs pas assez puissants
Le Go n'a pas de règle artificielle ni de hiérarchie de pion mais il a énormément plus de possibilités de complications que n'importe quel autre jeu. Le fait que la programmation de ce jeu sur ordinateur soit actuellement un problème insoluble en constitue certainement une preuve. En ce sens, on devrait peut-être appeler le Go "un art", plutôt qu'un jeu. Introduit en Europe à la fin du siècle dernier par l'Allemand Korschelt, le Go s'est développé en France depuis une dizaine d'années seulement.
Cependant, il existe aujourd'hui un club de Go dans la plupart des villes et les meilleurs joueurs français font bonne figure au niveau européen (le premier champion d'Europe était d'ailleurs un Français). En Alsace, un seul club de Go s'est créé à Strasbourg, mais il y a de nombreux joueurs isolés et des clubs dynamiques à Nancy et à Metz. Ce premier club à Strasbourg développe ses activités et a accueilli récemment des joueurs réputés: Pierre Aroutcheff, 3e dan, et le Japonais Yoshida, qui livrèrent des parties simultanées. D'autres initiatives notamment en milieu scolaire sont prévues.
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